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Opinion Africaine

Congo : La vérité sur le limogeage de Roger-Rigobert ANDELY (partie I).

23 Avril 2008 , Rédigé par APPA

LE DROIT DE SAVOIR, PARTIE I : LA VERITE SUR LE LIMOGEAGE DE ROGER RIGOBERT ANDELY

 

A l’approche de l’échéance électorale capitale de la présidentielle de 2009, le Collectif de la Diaspora congolaise de France et d’Europe (CDCFE) a décidé d’éclairer les congolaises et les congolais de tous bords mais aussi la communauté internationale et tous les amis du Congo-Brazaville sur un certain nombre de dossiers et de faits saillants qui n’ont jamais été portés à la connaissance du grand public. Nous pensons qu’à l’heure où le roi du pétrole du Congo, monsieur Denis Sassou-Nguesso s’apprête à organiser une nouvelle parodie d’élections présidentielles en 2009, qui lui permettra d’ajouter 7 années supplémentaires à son exceptionnelle longévité à la tête de notre pays, en dépit du bilan chaotique de ses 25 années (1979/1992 et 1997/2009) d’exercice de pouvoir sans partage, les congolaises, les congolais, la communauté internationale et tous les amis du Congo ont le droit de savoir un certain nombre de non-dits pour mieux comprendre les vrais enjeux du Congo de demain.

 

L’ancien ministre congolais de l’Economie et des Finances Roger Rigobert Andely était la principale victime du modeste remaniement ministériel qui avait été effectué en janvier 2005 par monsieur Denis Sassou-Nguesso, alors que le débat battait son plein sur la gestion des ressources pétrolières du pays. Cet ex-ministre de l’Economie et des Finances du Congo avait été sèchement remercié alors même qu’il était devenu le ministre le plus populaire auprès des populations et avait acquis par sa rigueur l’estime et le respect des congolais de tous bords. Dans ce pays miné par le clientélisme, la corruption et l’impunité, il était en effet parvenu à prouver aux congolais que tout le monde n’est pas pourri et surtout que l’espoir était permis ; ce qui laisse dire aujourd’hui encore à certains qu’il mérite l’estime et le respect. C’est dire si le départ inattendu de ce grand argentier congolais un peu plus de deux ans seulement après sa nomination y avait fait l’effet d’une bombe. Jusqu’à son limogeage, sur le plan national et international, Roger Rigobert Andely était en effet unanimement salué comme le principal artisan du retour en grâce du Congo sur la scène financière internationale.

 

Après les années tumultueuses qui ont suivi les guerres civiles de la fin des années 1990, il était parvenu, à force de réformes et de rigueur, à pacifier les relations entre le Congo et les bailleurs de fonds internationaux, pour aboutir à la signature le 6 décembre 2004 d’un accord d’appui très attendu avec le FMI. Outre le fait que cet accord constituait un ballon d’oxygène financier pour le Congo, celui-ci a surtout ouvert au Congo la perspective du bénéfice de l’Initiative de réduction de la dette des pays pauvres très endettés (PPTE). Un objectif vital pour ce petit pays d’à peine 3 millions d’habitants, producteur de pétrole pourtant considéré comme l’un des plus endettés au monde. Officiellement, les vraies raisons de ce remerciement « surprise » de monsieur Roger Rigobert Andely, remplacé par le vice-gouverneur de la Banque des Etats de l’Afrique centrale (BEAC), Pacifique Issoïbeka, qui l’avait lui-même remplacé deux ans auparavant à ce même poste, n’ont jamais été divulguées. Tout le monde a dit tout et n’importe quoi sur les raisons de ce limogeage, sans jamais dire toute la vérité.

 

Interrogé par la presse peu après l’annonce de ce fameux remaniement ministériel de 2005, sur les raisons de ce limogeage, celui qui est à titre honorifique "Premier ministre" du Congo en violation flagrante des dispositions  constitutionnelles depuis 2002, monsieur Isidore Mvouba s’était borné à affirmer qu’ "il s’agit d’une équipe gouvernementale plus cohérente, plus déterminée, plus disciplinée et plus efficace, avec pour mission essentielle de trouver des solutions adéquates aux lancinants problèmes sociaux qui accablent les Congolais". Et, selon des sources parlementaires de la majorité présidentielle de cette époque, quelques semaines avant son limogeage, une réunion avait précisément fait l’objet d’un débat aussi vif que discret entre le ministre et certains membres de la majorité parlementaire. Au cours de cette réunion tenue sécrète, M. Andely et les membres de la commission économique et financière se seraient ainsi violemment accrochés au sujet de l’utilisation du surplus des recettes pétrolières généré par la hausse des cours de l’or noir en 2004. En clair, ces députés de la majorité présidentielle de cette époque avaient reproché à l’ancien ministre de l’Economie et des Finances d’avoir refusé leur proposition de collectif budgétaire et, surtout, d’avoir affecté les 136 milliards de francs CFA (207 millions d’euros) supplémentaires encaissés par l’Etat congolais au seul remboursement de la dette extérieure. "Nous avions demandé à M. Andely de nous présenter un budget remanié rendu nécessaire par la hausse des recettes pétrolières, fiscales et douanières", avait expliqué cette source parlementaire sous couvert de l’anonymat.

 

De même, les députés ont mis en doute le chiffre de 500 milliards de francs CFA (760 millions d’euros) de recettes pétrolières en 2004 qui avait été avancé par le ministre. "Ces recettes pétrolières nous paraissent en deçà de la réalité", avait souligné la même source tout en précisant que l’ex-ministre "avait refusé avec arrogance de remanier le budget 2004 et décidé de solliciter l’arbitrage de la Cour suprême, et tout en prenant le soin d’ajouter que "n’eût été l’intervention du président Sassou-Nguesso, on aurait peut-être assisté à une crise institutionnelle", mais sans toutefois préciser si ces divergences sont à l’origine du remplacement de M. Roger Rigobert Andely par M. Pacifique Issoïbeka en 2005. Une chose est certaine cependant, son départ ne mettra en tous cas pas un terme au débat sur l’utilisation de la manne pétrolière congolaise.

 

En réalité, le limogeage de l’éphémère et très populaire ex-ministre de l’Economie et des Finances du Congo, M. Roger Rigobert Andely trouve son origine et son vrai fondement dans une affaire de gros sous. En effet, fidèle à lui-même, le roi du pétrole du Congo qui est également devenu au fil des années un redoutable homme d’affaires, a toujours eu pour règle d’or en matière d’argent, de « ne jamais laisser trop longtemps et sans contrôle entre d’autres mains que les siennes cette redoutable arme de destruction massive qui est l’argent ; au risque selon lui, de permettre à d’autres de se constituer un trésor de guerre qui pourrait se retourner contre lui ». Lorsqu’il s’agit surtout de gros sous, sa politique consiste donc à toujours récupérer sous une forme ou une autre tout ce qu’il donne à ses alliés. On n’est jamais assez prudent pourrait-on dire. Sa règle : donner d’une main et reprendre de l’autre. Tous ceux qui le connaissent bien et qui ont eu un jour la chance ou la malchance d’être en affaires avec lui vous le diront sans doute mieux que nous. Comme pour mieux contrôler et tenir ses alliés en affaires et les maintenir toujours sous son emprise et sa dépendance financière, eh bien, il lui arrive régulièrement de vider les comptes bancaires de ses alliés à leur insu. Ainsi, par exemple lorsqu’il doit faire un voyage à l’étranger, il lui arrive souvent de prendre par exemple l’argent dans un compte appartenant soit à un Hubert Pendino (patron de la Socofran avec qui l’homme de Mpila est en affaires et à qui il lui arrive souvent de prendre sur un compte et sans l’en avertir, 400 millions de franc CFA pour financer un voyage) ou à un autre pour financer ses frais exorbitants de voyage. Au niveau national, chacun de ses alliés en affaires a déjà été un jour victime de cette méthode Sassou. C’est ainsi qu’un jour de 2005, le prince machiavélien de Mpila décida de vider à son insu le compte bancaire de son ministre de l’Economie et des Finances d’alors, Roger Rigobert Andely, un compte tenu par la BGFI BANK Congo, la filiale congolaise de la Banque gabonaise et française internationale (BGFI BANK) dont le siège social est à Libreville (Gabon) et dont l'administrateur directeur général du Groupe est monsieur Henri-Claude Oyima.

 

Monsieur Denis Sassou-Nguesso qui est actionnaire à hauteur de 35% de la BGFI BANK Congo en est le principal actionnaire. D’ailleurs son président du conseil d’administration n’est autre que Jean Dominique Okemba, un neveu de l’homme de Mpila, qui est également son conseiller spécial et son secrétaire général en charge de la sécurité. Quant à son Directeur Général, Narcisse OBIANG ONDO, il est naturellement contrôlé par Denis Sassou-Nguesso et son beau fils Omar Bongo Ondimba (BGFIBANK CONGO - CONSEIL D'ADMINISTRATION : Président : Jean Dominique OKEMBA ; Administrateurs : Henri Claude OYIMA, Francis CAZE, Bernard PEDEPRAT, LAMECHINOU, Roger OWONO MBA, Alain MABIALA MOUSSIROU, Marie-Ange NDOUNGOU ; DIRECTION GÉNÉRALE : Directeur Général : Narcisse OBIANG ONDO, Directeur Général Adjoint : Éric GUYON, Directeur du Back Office : Mireille SAPHOU, Directeur de la Comptabilité : Nicolas LEMME, Responsable « grand compte » ou service client : M. Cédric DATHET, responsable du crédit bail. Située à l’angle de la rue de Reims face à la Paierie de France, la BGFIBANK CONGO existe depuis 2000 et depuis le 30 juin 2004 elle est devenue une filiale de la BGFI BANK S.A. dont elle était une succursale jusqu’à cette date. Sur le plan géographique, BGFI BANK est présente essentiellement dans les pays producteur de pétrole de la sous-région de l’Afrique centrale - Gabon, Congo-Brazzaville et Guinée Équatoriale, et depuis 2006, un projet est à l’étude en Angola. La BGFI BANK CONGO propose à sa clientèle une large gamme de produits bancaires qui peut être classée globalement en crédits à court, moyen et long terme. Des services sont également fournis par la banque en terme d’opérations - comptes à vue, comptes d’épargne, comptes à terme… Sa clientèle est composée essentiellement de grandes entreprises, notamment la SNPC, y compris bien sûr le Trésor Public, mais aussi des PME/PMI ainsi que des Particuliers les plus nantis et donc souvent les dignitaires du pouvoir et leur famille).

 

Naturellement, tous les grands dignitaires du pouvoir congolais disposent de comptes à la prestigieuse banque. Et nous pouvons affirmer sans risque de nous tromper que cela est presque obligatoire pour tous les membres de son gouvernement, notamment son ministre de l’Economie et des Finances (sans doute pour mieux contrôler leurs avoirs au niveau national). A son temps, M. Roger Rigobert Andely en tant que ministre de l’Economie et des Finances ne pouvait donc pas déroger à la règle. Et un jour, au plus fort du débat sur l’utilisation de la manne pétrolière congolaise, il va commettre la maladresse de demander à sa banque, la BGFI BANK Congo, le retrait de 600 millions de francs de francs CFA de son compte. C’est ainsi qu’il va faire les frais de son imprudence et de la ruse du prince machiavélien de Mpila qui avait déjà pris la précaution de vider ce compte peu de temps avant. Et lorsque le ministre demande au directeur de la BGFI BANK Congo de lui préparer les 600 millions, celui-ci qui est parfaitement au courant de la manœuvre de l’homme de Mpila ne lui oppose pas de fin de non-recevoir. Sachant que le compte du ministre avait déjà été vidé par le chef de l’Etat, il décida de retira les 600 millions sur un des comptes appartenant à ce dernier tout en prenant le soin, et comme pour mieux piéger le ministre, d’associer à cette opération une tierce personne à l’occurrence M. Albert Ngondo en sa qualité de Trésorier payeur général (TPG), un retraité que Denis Sassou-Nguesso maintient en poste pour sa loyauté sans limite.

 

Ainsi donc au lieu de remettre directement les 600 millions au demandeur c’est-à-dire le ministre Roger Rigobert Andely, le directeur de la BGFI BANK Congo va choisir de remettre l’argent au TPG en lui disant que cet argent a été retiré sur le compte du Président à la demande expresse de son ministre de l’Economie et des Finances. Le TPG sans même demander des précisions au ministre, alla directement remettre les 600 millions au chef de l’Etat. Ce dernier feignant d’ignorer tout de cette manœuvre bien orchestrée et qui allait coûter son poste à son ministre qui était déjà dans son collimateur, demanda alors au TPG l’origine et les raisons de cet apport financier. Celui-ci lui répondit que cet argent lui était envoyé par le directeur de la BGFI BANK Congo sur ordre de son ministre de l’Economie et des Finances, Roger Rogobert Andely. Lorsque plus tard M. Andely demandera au directeur de la BGFI où était l’argent et que celui-ci l’informera qu’il avait tout remis au TPG, qui l’aurait à son tour remis au Président, M. Andely compris tout de suite qu’il venait d’être piégé et que s’en était fini pour lui. Pour Denis Sassou-Nguesso, M. Andely voulait se constituer un trésor de guerre et devenait donc gênant. Il fallait donc l’écarter avant qu’il ne soit trop tard, surtout qu’il ne cessait de monter dans l’estime des congolais.

Le Collectif de la Diaspora congolaise de France et d’Europe          

Bienvenu MABILEMONO <b.mabilemono@yahoo.fr>
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